Et si le futur du réseau électrique roulait sur quatre roues ? La Chine y croit dur comme fer

La Chine innove avec son réseau électrique en utilisant les batteries des véhicules électriques en circulation. Cette approche reconfigure le rôle des conducteurs en leur permettant de contribuer activement au système énergétique du pays.
Un programme innovant dans neuf métropoles chinoises
Le gouvernement chinois a récemment déployé un programme expérimental audacieux basé sur la technologie Vehicle-to-Grid (V2G). Cette démarche englobe neuf grandes villes, avec Shanghai en tête, suivie de Changzhou, Hefei, Huaibei, Guangzhou, Shenzhen, Haikou, Chongqing et Kunming. Ce projet mobilise 19 véhicules électriques provenant de 10 constructeurs différents, utilisant 13 stations de recharge bidirectionnelle fournies par 9 fabricants distincts. Lancé pour tout le mois d’avril, cet essai inclut une trentaine de tests couvrant divers types de véhicules électriques, allant des voitures particulières aux bus, en passant par les camions. Shanghai se distingue par son engagement, ayant déjà établi un plan pour installer 50 000 bornes V2G d’ici 2030. Cette ambition reflète la confiance des autorités chinoises dans le potentiel de cette technologie.
La révolution de la technologie V2G
La technologie V2G ouvre de nouvelles perspectives dans le domaine des voitures électriques. Cette avancée se distingue nettement des systèmes de recharge classiques en permettant un échange d’énergie bidirectionnel.
- La batterie du véhicule peut être rechargée à partir du réseau électrique.
- L’énergie accumulée dans la batterie peut être restituée au réseau public.
Ainsi, chaque voiture électrique devient une batterie mobile intelligente. Elle consolide l’énergie lors des heures creuses, pour mieux la redistribuer pendant les périodes de consommation élevée. Pour illustration, une voiture électrique moderne équipée d’une batterie de 60 kWh pourrait générer suffisamment d’énergie pour alimenter un foyer moyen pendant plusieurs jours.
Comment fonctionne la recharge bidirectionnelle ?
La recharge bidirectionnelle repose sur une technologie qui optimise l’énergie entre le véhicule et le réseau électrique. Lorsque le véhicule est connecté, l’énergie peut être dirigée en fonction des besoins. Pendant les heures de pointe, l’électricité stockée peut soulager le réseau en fournissant de l’énergie aux ménages, tandis qu’en heures creuses, la batterie se recharge à coût réduit.
Cette approche favorise une gestion énergétique plus efficace et contribue à l’équilibre du réseau électrique. Les propriétaires de véhicules bénéficient non seulement d’une source d’énergie flexible, mais apportent également une contribution positive à un réseau électrique plus stable et durable.
Les enjeux stratégiques de la Chine
Pour la Chine, leader mondial du marché des véhicules électriques avec plus de 8 millions d’unités vendues en 2023, l’intérêt est double. D’une part, le pays vise à optimiser son réseau électrique face à une demande croissante. D’autre part, il s’agit de rassurer la population quant à la capacité du réseau à supporter la multiplication des recharges de véhicules.
La mise en place du V2G
La mise en œuvre du V2G créerait une gigantesque batterie virtuelle sur l’ensemble du territoire chinois. Lors des périodes de forte demande, telles que les chaudes journées d’été où la climatisation fonctionne à plein régime, le réseau pourrait puiser dans les batteries des véhicules stationnés. Cela permettrait d’éviter les coupures ou le recours aux centrales au charbon supplémentaires.
Cette approche s’inscrit dans la stratégie chinoise de réduction des émissions de carbone, le pays s’étant engagé à atteindre la neutralité carbone d’ici 2060.
Les défis techniques et économiques à surmonter
Malgré ses nombreux avantages potentiels, le déploiement généralisé du V2G connaît divers obstacles que ce programme pilote s’efforce d’identifier et de résoudre. Un des enjeux principaux est de créer un modèle commercial durable. Comment peut-on rétribuer équitablement les propriétaires qui rendent la batterie de leur véhicule disponible? Quelle forme de compensation offrir pour l’usure accélérée possible des batteries? Avant que le V2G ne puisse être adopté massivement, ces questions devront recevoir des réponses adéquates.
Établir un modèle commercial viable
- Rémunération des propriétaires pour l’usage de leurs batteries
- Compensation de l’usure potentielle des batteries
Ce programme cherche à pallier ces obstacles en explorant des solutions et en évaluant leur faisabilité.
L’impact sur l’avenir de la mobilité électrique en Chine et ailleurs
En prenant de l’avance sur cette technologie, la Chine pourrait établir les standards mondiaux du V2G et renforcer sa position dominante dans l’écosystème des véhicules électriques. Les constructeurs chinois comme BYD ou NIO pourraient intégrer ces fonctionnalités en série dans leurs véhicules, créant un avantage compétitif significatif. Cette approche pourrait aussi accélérer l’adoption des véhicules électriques en offrant aux propriétaires un moyen de rentabiliser leur investissement. Une voiture stationnée pourrait devenir une source de revenus passive, transformant fondamentalement l’économie de la mobilité électrique.
Si l’expérience chinoise s’avère concluante, des initiatives similaires pourraient se multiplier en Europe et aux États-Unis, où plusieurs projets pilotes à plus petite échelle sont déjà en cours. La France, avec le projet Audi Electric Offensive, et le Royaume-Uni, avec son programme V2G d’Octopus Energy, montrent déjà un intérêt marqué pour cette technologie. Le pari chinois sur le V2G illustre une vision où chaque voiture électrique devient un maillon du réseau énergétique national.
La vision future du V2G
Cette approche pourrait bien redéfinir notre relation avec nos véhicules et notre façon de consommer l’électricité. Chaque voiture électrique pourrait ne plus être uniquement un moyen de transport, mais aussi un élément actif de notre futur réseau électrique.

Après une carrière prometteuse en course automobile, Benjamin De Dounois a pris un virage surprenant en se réorientant dans le génie civil. Fort de son expérience sur les circuits, il apporte aujourd’hui son expertise dans le domaine de la construction, où il continue à relever de nouveaux défis. Passionné par le monde de l’automobile, il partage également ses connaissances à travers des interventions et des collaborations avec diverses marques du secteur.